Ajustant sa cravate, passant une dernière fois sa main dans ses cheveux pour les discipliner un peu plus, Victor adresse un clin d'oeil complice à l'hôtesse qui vient le débarrasser de son long manteau beige. Il écrase sa cigarette dans le fond d'un cendrier qui traine à l’entrée, et emboîte le pas de son vieil ami Harold, complice de ses nombreux excès. Ensemble, ils traversent un long couloir faiblement éclairé, entretenant là tout le mystère des lieux. Quelques tableaux pendent aux murs, abandonnés à leur triste sort. Ceux qui passent ici n’ont que faire de peintures médiocres jaunies par le temps. Quelques mètres plus loin, ils débouchent sur une pièce sans fenêtre, éclairée par quelques lampes accrochées au-dessus des tables rondes qui occupent la pièce. Il ne faut guère être brillant pour deviner dans quel lieu sordide Victor s’est encore engouffré. A une époque où la morale dicte les lois, les salles de jeux clandestines sont légions. Les deux nouveaux venus, dans l'indifférence générale, prennent place autour de la table la plus proche. Instinctivement, Victor s'allume une nouvelle cigarette, saluant brièvement les joueurs qu'il vient de retrouver. Ici, le silence est de mise, les salutations sont brèves, chacun se moquant bien de savoir comment se porte l'adversaire. La seule chose qui leur tient réellement à coeur, c'était de savoir s'il pourra s'acquitter de ses dettes. Avec Victor, les craintes sont fondées. On sait qu’il ne gagne pas une fortune, et qu’il dilapide son argent à grande vitesse. Il sait qu’il doit montrer patte blanche pour qu’on le laisse jouer ce soir. Résigné, il s’exécute et sort une importante liasse de billets de l'intérieur de sa veste, qu’il tend immédiatement à l'hôtesse, échangeant cette somme contre des jetons. Désormais, une pile de jetons se dresse devant lui. Il prend ses cartes en main, tire sur sa cigarette, jette un œil aux visages fermés de ses adversaires. Le jeu peut reprendre.
Une heure et demie plus tard, ses jetons ont déjà diminué de moitié. La sueur commence à perler au coin du front du jeune homme. Il se sait dos au mur, voyait son argent venir à lui manquer. Il n'est clairement pas dans un bon soir. Mais l’a-t-il seulement déjà été, lui qui accumule les dettes de jeux à un rythme effrayant. Il a chaud, sent le malaise monter. Par pur réflexe, Victor s'apprête à prendre le verre posé devant lui, avant de se raviser, in extremis. Les vieilles habitudes ont la vie dure: voilà un an qu'il n'a plus touché un verre d'alcool. Mais ce soir, il ne serait pas contre un petit remontant. Ignorant le regard interloqué de son voisin d'en face, il se concentre de nouveau sur son jeu de carte. Une nouvelle fois, il s’apprête à perdre gros. Gardant un visage aussi inexpressif que possible, il attend sagement que ses voisins de table prennent une décision. « Je me couche » « Moi aussi » Se pouvait-il qu'il soit en vaine, en fin de compte? Porté par l'adrénaline, Victor a la bêtise de croire qu'il peut s'emparer du gain. Il en a besoin, de cet argent. Il le sait, et sa folie du jeu le pousse à prendre un risque qu’il sait pourtant inconsidéré. « Je relance de cinquante ». Un sourire carnassier se dessine sur ses traits, tandis qu'il se voit déjà dérober la fortune de ses adversaires. Son trop plein d'assurance va le perdre, comme toujours. Autour de cette table, seul Harold peut prédire la scène à venir, ayant plus d'une fois assisté à celle-ci, impuissant, ne sachant comment ramener son ami à la raison. En arrivant à Chicago, quelques années plus tôt, Victor tomba dans le piège de l'alcool, des belles femmes, de l'argent et du jeu. Avec le temps, il avait fait une croix sur le premier, avait subi une lourde déception amoureuse, avait perdu tout son argent. Pourtant, il persistait à poursuivre sur cette voie, feignant d'ignorer qu'il courrait à sa perte. Bien vite, il réalise une nouvelle fois son erreur, lorsque d'un geste théâtral, son ultime opposant lui révèle ses cartes, s'emparant des derniers jetons que Victor vient de dépenser avec trop d'assurance. « Ne faites pas cette tête-là, Hugues. Vous et moi savons que vous avez beaucoup plus à offrir que quelques jetons. » Victor lui adresse un pâle sourire, voyant parfaitement où son interlocuteur veut en venir. Face aux dettes qui s'amoncèlent, et à l'argent qu'il n'a plus, Victor se montre souvent enclin à faire des compromis, offrir à ses ''amis'' une occasion inespérée d'approcher les femmes les plus désirables de la ville, en échange de quoi, ses propres dettes se voient effacées. Il est bouncer dans le club le plus couru de Chicago. Contre une ardoise effacée, il lui arrive de laisser à quelques chanceux l’occasion d’approcher ces créatures divines, alors que ces hommes n’auraient eu que peu de chance de les approcher sans l’intervention de Victor. Nul doute qu'une fois de plus, cette allusion à peine déguisée ne vise qu’à corrompre un homme déjà peu scrupuleux. Victor aura dès lors le soin de se refaire une santé, de mettre un peu d'argent de côté avant d'une nouvelle fois tout dilapider. Bien sûr, il se sent un peu coupable. Son goût du luxe et sa passion pour le jeu l’ont rendu égoïste. Il aime pourtant ces filles qu’il côtoie au club. Des filles qu’il protège du mieux qu’il peut, en général. Mais ces quelques entorses au règlement lui sont indispensables. Si demain il perdait sa place, il n’aurait plus aucune monnaie d’échange face à ces hommes qui succombent aux mêmes vices que lui. Tant qu’ils restent obnubilés par la beauté de ces femmes qu’ils ne peuvent atteindre, Victor est sauf. Tant qu’ils restent à leur place, ses manquements aux règles ne sont pas remarqués. Dans un sens ou dans l’autre, Victor est sur le fil du rasoir. Il le sait, sa situation ne durera pas éternellement. En attendant, il improvise.

pseudo/prénom : violaine. › âge : vingt trois pour quelques semaines encore. › présence : variable, disons trois ou quatre jours dans la semaine. › où as-tu connu le forum ? par bazzart. › un commentaire à faire ? superbe idée. › crédit de la fiche : tumblr. › personnage inventé, scénario, pv ? inventé.

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<span class="taken">armie hammer<b>›</b></span>victor hugues