Je marchais dans les rues de cette ville que j'affectionnais particulièrement, malgré son taux plutôt rocambolesque de malfrats. Je n'avais confiance en personne ayant été élevée par l'un des plus grands gangster de la région, je savais plus que quiconque qu'ils pouvaient se cacher sous le visage de n'importe quel individu. Du flic corrompu jusqu'à l'homme du monde qui croit planquer ses trafics sous de coûteux vestons en soie. Le seul bruit qui rythmait ce début de soirée était celui de mes talons qui frappaient sur le sol humide dû à la pluie qui s'était violemment abattue sur Chicago, un peu plus tôt dans la journée. Tout semblait incroyablement calme, comme s'ils avaient tous déserté, me laissant seule face à une ville fantôme. J'étais pourtant à l'affût du moindre geste, de la moindre parole qui pourraient nourrir un début d'article. Ma vie ne se résumait plus qu'à cela désormais. Fouiner, encore et toujours, à la recherche de ce qui pourrait faire la une. Le journalisme était une passion, partagée par ma petite sœur Jules d'ailleurs, bien que celle-ci s'amusait à vouloir jouer les justiciers. Son acharnement à vouloir se venger avait le don de m'agacer. Moi, je voulais surtout faire tomber les pourris en les trainant dans la boue. Chaque fois que j'y parvenais, j'avais comme l'impression de réussir face à mon père, cet homme que je méprisais tant. Je haïssais sa façon de vivre et tous les risques qu'il avait fait prendre à ma famille, lorsque nous étions plus jeunes. Quant à ma mère, elle avait été si effacée durant toute mon enfance que je ne pouvais réellement lui porter une quelconque attache. Je la respectais certes mais, sa soumission face à mon père me donnait des haut-le-coeur incessants. Je représentais le changement. Une nouvelle vague de féminisme qui ne tarderait pas à faire ses preuves et à changer les choses. Ce qui avait le don d'énerver davantage ces hommes dont je blessais l'égo à coups de plume. Un sourire étira mes lèvres à cette jouissante pensée. Je courais des risques mais, bon sang, cela en valait la chandelle. La vie méritait d'être vécue et la vivre de cette façon était ma satisfaction personnelle, ma récompense éternelle. Je prenais un malin plaisir à tous les descendre un par un. Finalement, je quittais cette petite ruelle sinistre pour atteindre l'une des grandes rues de Chicago. Je fus assaillis par le bruit provenant d'un immeuble qui pour ce soir, était ma nouvelle cible en vue. J'en avais entendu des choses, sur cet établissement et je comptais bien en apprendre davantage. Lorsque je vis un jeune homme en sortir, complètement ivre, je ne pus me retenir de sourire à nouveau. C'était une aubaine, une occasion à ne pas manquer. J'étais bien sûr bien partie pour en profiter.