Un toucan arc-en-ciel. La dernière lubie qu'elle venait de s'offrir. Un volatile plein de vie et de couleurs qui s'agitait dans une grande volière. Un bel oiseau qui, quand on y réfléchissait, lui correspondait plutôt bien. Assise au fond d'un large canapé rouge, Joy fixait avec intensité celui qu'elle venait de baptiser « Beryl » en hommage à ses quelques plumes jaunes. Des plumes... Qu'est-ce qu'elle adorait cela... En y pensant elle devint même soudain absolument convaincue qu'il lui était nécessaire d'en acheter de nouvelles sur le champ afin d'en orner ses cheveux aux doux reflets roux. Et un nouveau chapeau. Une paire de chaussures, quelques robes et un parfum par la même occasion. Peut-être même un sac pendant qu'elle y serait. Égale à elle même, la jeune femme ne perdit pas une seconde de plus, sauta sur ses pieds et se rua vers la porte de son immense appartement, sac à la main et manteau négligemment posé sur ses épaules. Quand on était une Vanbergh on ne refrénait jamais une envie de dépenser de l'argent.
C'était bien sûr sans compter sur la sonnerie du téléphone qui se mis à retentir au moment où elle comptait mettre le nez dehors. La jeune femme hésita un instant avant de décrocher l'appareil flambant neuf, mais se résolut finalement a attraper le combiné.

- Ma Flora, s'écria une voix à l'autre bout du fil. Il ne faisait aucun doute, il s'agissait là de sa mère. La célèbre, scandaleuse et mondaine Gilda Vanbergh, née Lanfredi. Cette figure maternelle qu'elle adorait autant qu'elle admirait. Photographe renommée qui n'avait pas peur de l'anticonformisme. Une femme artiste qui, malgré toutes les contraintes de son milieu, n'avait jamais sacrifié sa liberté.
- Je n'ai pas vraiment le temps de bavarder, je voulais juste te transmettre un message de ton père qui se demandait si tu serais là pour le gala de charité de l'opéra. Joy -ou plus exactement Flora- garda le silence un instant encore, le temps de rassembler ses esprits et de comprendre de quoi diable lui parlait-elle. Son père... l'opéra... un gala... Oui. Elle se rappelait. Cette soirée que Walter Vanbergh, son paternel d'homme d'affaires passionné de musique, participait à organiser une fois par an, au Metropolitan de New-York. Rendez-vous de la bonne société. Occasion parfaite pour se voir et être vu Événement auquel Joy n'avait pas encore confirmé sa présence.
- Dans deux semaines ? S'il y avait une chose dont la jolie rousse n'avait pas conscience il s'agissait bien des dates. Elle confondait facilement mardi, jeudi et samedi, et à force de sortir encore et toujours elle devenait presque incapable de se rappeler la moindre échéance. Si un coup de téléphone rapide ou un petit télégramme n'était pas là pour le lui rappeler, elle finissait facilement à enchaîner les verres d'alcool procuré illégalement à vingt, cent, ou mille kilomètres de l'endroit où elle était supposée être. Mais comment oublier ce gala ? Après tout elle y assistait depuis qu'elle avait l'âge de marcher.
- Oui, répondit sa mère.Ça lui ferait très plaisir que tu viennes. Walter était en effet un homme très porté sur la famille. Il avait laissé partir sa fille dans cette ville à la réputation peu brillante à contre cœur et ne ratait jamais une occasion de lui demander de rentrer à la maison, ne serait-ce que pour quelques jours. Sans doute aurait-il été plus laxiste si, comme il l'avait souhaité, elle avait répondu à son besoin d'espace et d'indépendance en montant dans un paquebot en direction de l'Europe. Ce vieux continent vivant mais rassurant, sur lequel ses enfants avait une bonne partie de leurs vie. Car il fallait noter que le désir constant de changement de son épouse supposait que les quatre garnements voyageaient à intervalles irréguliers entre Paris, Milan et New-York. Cependant Joy avait insisté pour poser ses valises dans ce Chicago qu'elle rêvait sulfureux et dans lequel logeait déjà une amie qui lui était chère. A son grand regret, le chef de famille ne réussit pas à l'en empêcher et devait se contenter des lettres occasionnelles qui lui assuraient que sa progéniture se portait bien. Malgré les nouvelles qui arrivaient à lui, il restait particulièrement inquiet pour son irresponsable de fille qui ne se rendait sans doute pas compte de tous les dangers qui planait au dessus de sa tête maintenant qu'elle vivait dans une ville où le crime était roi. Mais que pouvait-il faire... Il n'était après tout pas de ces vieux conservateurs qui ne rêvaient de rien d'autre pour ses enfants qu'un beau mariage. Heureusement pour Joy, il respectait encore son désir de célibat quoiqu'il espérait au fond qu'elle finirait par accepter qu'un homme respectable lui passe la bague au doigt. Ne disait-on pas que l'espoir faisait vivre ?
- Soit, je serai là. Joy disait cela dans un soupir. Cette décision ne la réjouissait à vrai dire qu'à moitié. Si certes elle appréciait la perspective de passer quelques jours en famille, le voyage que cela incluait ne la motivait que trop peu. Prendre le train était une véritable corvée. Ce genre de choses affreusement ennuyantes que tout l'alcool et les conversations du monde ne rendaient pas beaucoup plus agréables. Enfin. Pour changer elle pourrait toujours prendre un zeppelin ! Cela pourrait être une expérience très amusante et lui donnerait l'occasion d'admirer New-York d'un autre point de vue. Quatre secondes de réflexion et c'était décidé : elle irait en zeppelin. Et s'il n'y en avait pas qui partait de Chicago elle se rabattrait sur un de ces récents avions qui lui donnerait un petit air aventurier tout à fait charmant.
- Merci ma Fleur, en trois mots Gilda la ramena à la réalité de l'instant[/color], je vais lui dire. Et au fait, dépêches-toi d'envoyer un article à Edna ou elle ne le recevra jamais à temps pour qu'il soit publié.
Lorsqu'elle évoquait Edna elle faisait référence à la rédactrice en chef de Vogue. Une femme avec qui Gilda s'entendait à merveille et à qui Joy envoyait une ou deux fois par mois quelques lignes qui prônaient l'adoption du style parisien tout en glorifiant les tenues pleines d'extravagances. Ces articles donnaient l'illusion que sa vie n'était pas totalement futile et faisait d'elle un des petits noms de la mode. Mais encore une fois sa mère n'avait pas tort. Si on comptait le temps qu'il faudrait pour que son courrier arrive à New-York et que son papier soit mis en page, il serait bon de songer à enfin l'écrire. Joy s'en rendait bien compte et haussa les épaules, leva les yeux au ciel puis se jura de le faire demain. La procrastination était un de ces points forts. A égalité, dans le classement de ses défauts, avec sa capacité à donner le bon Dieu sans confession à n'importe qui ou presque.
- Je suis désolée, je dois te laisser car Arthur vient d'arriver, reprit sa mère qui encore et toujours était plus que pressée et avait rendez-vous avec l'un de ses nombreux amis. Je t'embrasse ma beauté, mais n'oublie pas : pas d'abus et fais un peu attention aux dépenses.
Bon conseil qui sans doute ne serait pas suivi. Habituée depuis toute petite à dépenser sans compter, Joy restait dans le chemin qu'elle s'était tracée en ne regardant jamais l'addition. Persuadée que l'argent ne faisait pas le bonheur -le genre de chose parfaitement stupide qu'on répétait pourvu qu'on ait un compte en banque bien rempli-, elle s'achetait ce qui lui plaisait et distribuait des chèques à n'importe qui prétendant -souvent à tort- être le représentant d'une bonne cause. Pour ce qui était des abus, ce n'était pas demain la veille qu'elle se rangerait gentiment dans le rang du mariage comme ses grands-parents le suppliaient, écraserait sa bonne amie la cigarette, et arrêterait champagne et whisky. Tant pis pour les interdictions. La vie était trop courte pour qu'on ne la gâche à ne pas prendre de risque.
- Au revoir maman.

Mais elle avait déjà raccroché. Une minute de conversation. Ce n'était pas si mal. Après tout les deux femmes avaient des vies bien chargées et il était déjà un exploit qu'elles arrivent à se joindre.
Joy reposa les deux morceaux du téléphones et resta immobile un court instant. Son regard momentanément vide fixait une planche du parquet bien ciré et l'index de sa main droite tapotait son menton, signifiant qu'elle était au milieu d'une intense réflexion. Refaire toute la décoration de son appartement... Brillante idée ! Elle serait absente quelques jours puisqu'elle irait à New-York, donc c'était là la parfaite opportunité pour un peu de changement. Toute satisfaite qu'elle était de cette idée, Joy sortie enfin, sourire aux lèvres, prête à réellement entamer cette journée qu'elle souhaitait pleine de surprises.

pseudo/prénom : Li' › âge : 18 ans › présence : Environ 5/7 › où as-tu connu le forum ? Bazzart › un commentaire à faire ? Que dire sinon que le forum est vraiment très beau, le contexte super, et que tout le monde a l'air très accueillant <3 › crédit de la fiche : Les gifs sont de tumblr › personnage inventé, scénario, pv ? Inventé.

 

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<span class="taken">holliday grainger <b>›</b></span> f. joy vanbergh