Cette soirée était destinée à être comme les autres : je devais chanter, puis offrir mes services à des hommes et enfin rentrer chez moi pour dormir afin de vivre la même chose le lendemain. Et pourtant, je ne me lassais jamais de ma routine. Je me sentais épanouie dans mon métier et ce n’est pas parce qu’on me payait pour obtenir des faveurs que j’étais prête à tout accepter, je ne veux pas non plus être humiliée. Pourtant, un des potentiels clients se montrait trop insistant avec moi, il me faisait vraiment peur et il avait l’air d’avoir beaucoup bu. Je préférais m’éloigner vers le bar, près de mes collègues bunnies mais il revenait à la charge sans cesse. J’étais de plus en plus terrorisée quand il se collait à moi, je reculais et au passage, je faisais tomber un verre qui rendait ma robe humide et j’empestais l’alcool. Il me saisissait par le bras et là, je revoyais les images de mon père en train de me frapper, quand il était quelqu’un d’autre après la mort de maman. Il devenait cet homme méconnaissable qui n’avait rien du père qu’il avait été autrefois. J’avais littéralement l’impression de m’écrouler au fur et à mesure que les souvenirs remontaient à la surface. Je me raccrochais au comptoir pendant que l’homme essayait de m’emmener vers l’étage, là toutes les bunnies sont censées avoir des relations charnelles avec les clients. J’étais résistante, et les autres filles de joie se mettaient à hurler de crainte qu’il me fasse du mal –ou bien à elles, je n’en sais rien. Maintenant, il commençait à me menacer en me poussant contre le comptoir et en me saisissant à la gorge, je suffoquais et j’étais quasiment sûre que j’allais mourir dans les minutes qui suivaient. J’essayais d’appeler du secours mais mes collègues bunnies ne m’aidaient pas, elles étaient bien trop effrayées par le psychopathe… Je m’apercevais que Xander était là et je le voyais accourir vers moi pour faire lâcher l’homme qui ressemblait plus à un monstre qu’à un humain. Même si je savais que Xander avait de la force, je craignais que l’autre lui fasse du mal, ce serait entièrement de ma faute si jamais c’était le cas…