Un lundi matin. Tongue au pied, jean troué et débardeur blanc laissant apparaitre mon joli soutient gorge noir je fixe cette maison auquel j’aspire royalement. Soudain fonce sur moi un angelot à la tête blonde. Quelques tâches de rousseurs parfument son doux visage enfantin et je me laisse tomber à terre pour l’accueillir tout contre mon cœur. « tu m’as manqué ma p’tite tortue ! » il me sert plus fort encore et enfouis son visage dans mon coup. Dieu que ça fait du bien de se sentir chez soi, ici. Une grande et magnifique femme s’approche de nous, le ventre arrondis bien dessiné maintenant. Elle sourit béatement et s’arrête à deux pas de moi. « Hors mis deux-trois égratignure, j’en ai pris soin, comme tu peux le voir ! » je sourie et lui saisit la main. « Je n’en ai jamais douté petite sœur ». Je lâche mon pti garçon, plus si petit que ça à présent et lui saisit la main. L’autre je la pose sur le ventre de ma frangine. « tu t’es bien arrondis ! tu es magnifique ». Les échanges affectueux finissent et nous allons nous poser dans la cuisine ou j’ai le droit à une limonade maison bien fraiche. Mon garçon sur les genoux. Je ne peux rêver mieux. « Maman je peux te montrer mes devoirs ? j’ai réussi tu sais, je suis deuxième de ma classe et je t’ai fais plein de dessin aussi ! » J’acquiesce dans un long sourire et le laisse monter à l’étage le temps de prendre ses affaires. « Tu lui manques beaucoup Lau’ » je sourie distraite et souffle dans mon épaule. « Je le sais oui ! mais… je n’ai pas vraiment le choix, tu le sais ! » Ma sœur me regarde les larmes aux yeux. Elle seule connait la nature de mon véritable métier. Je n’ai pu lui cacher sachant que je lui confiai mon fils. Du coup les larmes la guettent. « Pleure pas, arrête ! j’ai besoin de cet argent. Encore quelques mois et j’en aurais finit ! Je veux… », « le meilleur pour Sam je sais ! mais et toi ? tu crois que te faire sauter par des inconnus ça te rends heureuse ? ». Je la fusille du regard un petit moment avant de me rabrouer moi-même. Elle a raison. Je le sais, sinon je n’aurais pas longtemps hésité avant de prendre le travail que Gatsby* m’avait proposé il y a de ça trois ans. « J’ai fais un choix, Jo’ et j’en assume les travers et les conséquences » finis-je par dire plus durement que je n’aurais dû le dire. « oh je t’en pris ! arrête… arrête… à chaque fois que tu appels Sam, il est en larmes deux secondes après avoir raccroché. Je n’en peux plus de le voir comme ça et Tom aussi. C’est dure pour lui » je me mords la langue et tout en baissant la voix à mon tour je pousse ma ‘’gueulante’’ « par ce que pour moi ce n’est pas dure peut-être ? je n’ai pas pu être là pour Noël car je devais rembourser mes frais de transport, je ne serais peut-être pas là cette année encore car les frais de Sam me coûtent une fortune et alors… quoi ? je suis une mauvaise mère ? Je fais de mon mieux Jo’ ! moi aussi j’ai du mal d’être séparée de mon gamin. Si j’avais un autre choix je le prendrai. » On se tait subitement quand Tom débarque avec mon p’ti blondinet. Entre moi et le fiancé/mari de ma sœur ce n’est pas l’amour fou. Il connait lui aussi ma situation et en accepte les travers mais je sais que ça le bouffe de voir mon fils me pleurer. Mon p’ti garçon me sourit à pleine dent quand je fixe ses feuilles. « C’est une bête de scène mon amour ! ». Puis ses dessins…

 

Cela ne fait que huit heures que je suis rentré de chez ma sœur que j’ai déjà le blues et l’envie de m’enfouir sous ma couette. Je punaise les trois dessins de mon bébé au-dessus de mon lit quand je sens une tête se poser sur mon épaule. Je sourie et colle mon front contre sa tête. « Tu aurais du le voir ! il était fier, énergique. Il est doué tu sais ! » je finis par sombrer doucement et elle me prends dans les bras « je ne tiendrais plus longtemps ! c’est trop dure ! le voir pleurer à chaque fois me tue à petit feu ! » elle me caresse tendrement les cheveux et j’inspire doucement « encore un peu Clarri ! tu le dois ! pour lui ! » On finit par aller se poser pour qu’elle me prépare. Moi dans mon état je n’aurais été capable de rien. Je tremble tels une feuille. Je manque de me bruler avec mon thé qu’une autre des filles m’a gentiment préparé. Certaines me comprennent elles sont dans la même galère que moi. Alors on se soutient. Quand enfin je me remets en scène je ne pense plus à rien, plus à lui. Je ne peux pas penser à Sam si je suis ici.

On nous envoie bosser et nous voilà en tenue sexy et légère en train d’aguicher deux trois clients. L’un d’eux me courtoise pendant une heure avant de sortir un gros paquet pour un supplément. Mon ‘’travail’’ me prends quinze minutes et je redescends aussitôt après avoir bien confié mon dût. Il m’embrasse l’épaule doucement et me donne rendez-vous à son retour dans la ville. J’ai un frisson que je fais passer pour de l’envie mais qui est en fait du dégout et je lui souris avant de le raccompagner à la sortie. « Toujours aussi séduisante Melle Cool' ». Je roule des yeux et fait face à cet apollon d’homme. Ce mec me fait tourner la tête c’est clair. Il a tout pour lui et moi… rien pour moi. « C’est pour mieux vous tentez, bien sûr » dis-je sensuellement avec un sourire qui pourrait en dire long. « Je ne passe pas derrière un pourri de ce genre, désolé ! mais je rêverai de vous offrir un verre ! » Dois-je me sentir vexée ? Non ! Un peu quand même ! Voilà à quoi ressemble mon nouveau job. Faire passer un bon moment à des hommes uppés de la société. Seulement voilà, après trois ans la concurrence se fait rude. Les dernières midinettes arrivées nous raflent trop de mise. Bientôt la touche ? Nan certainement pas. Pas avant avoir atteint mon objectif. Je racole davantage maintenant que l’autre n’est plus ici et c’est tant mieux. Ma réputation me précède, qui pourrait me résister ? Lui peut-être.

*Rencontre avec Gatsby :
Ce soir-là je bossais jusque tard dans la nuit. J’avais confié Samuel à ma colocataire et bien que pas rassurée de cette perspective je me devais de ne pas y penser. Cela ne m’empêchait pourtant pas de lui téléphoner toutes les deux heures pour savoir ce qu’il devenait. Bref j’étais là dans un bar typique des années vingt. Cool, distingué, branché et pourtant la classe de la clientèle ne reflétait pas le décor de mon lieu de travail. Tous plus ivrogne les uns des autres. Même les musiciens et les chanteuses n’arrivaient pas à se faire entendre au-dessus des « une autres bières chérie » ou « elle arrive cette putin de bière ! ». J’étais donc là derrière mon bar à donner les commandes de ces ignares. Je rageais de devoir subir leurs avances et leurs dragues débiles mais j’avais tellement besoin de ce travail. Mon patron m’envoie alors servir les tables du pub et je m’y attelle sans broncher. En passant j’eus le droit à quelques sifflements, des regards scrutateurs et bien sur quelques mains aux fesses sinon ça ne serait pas drôle. Mais je ne dis rien. Je sourie ou rends ces mains baladeuses à ces messieurs sans trop les envoyer chié. Apparemment ça fait partit de mon contrat.
Cette soirée fut longue. Trop longue. Et je n’avais qu’une hâte en ressuyant mes verres propres, quitter ce maudit bar et aller me pieuter avec mon fils dans les bras. S’avance alors vers moi cet homme qui s’était niché dans un coin toute la sainte soirée. Il était d’une classe terrible. Un homme d’apparence froide et douce à la fois avec des yeux d’un bleu transcendant. Bref un bel homme quoi. Il vient se poser non loin de moi et commande un scotch whisky sans glaçons. Bien que l’heure de fermer approche je me résigne. Il n’est pas du genre ‘’client chiant’’ du coup je le sers. Autant les bichonner ceux-là. « Dure soirée n’est-ce pas ? » interloqué qu’il m’adresse enfin un regard et un mot j’acquiesce timidement. « ce ne sont pas des clients idéals que vous avez là, je me trompe ». Je sourie largement. « Des clients idéals ? Par ce qu’il y en a dans ce type d’endroit ? Excusez ma franchise mais aucun de pub de cette ville n’a de ‘’client idéal’’ ! » et là c’est lui qui sourit dans un ricanement. Se moquerait-il de moi ? « il y en a peut-être un en effet » je finis par le scruter longuement en m’approchant de lui quand je lui offre son scotch. Il me dit quelque chose c’est certains. Peut-être est-il simplement venu ici plusieurs fois voilà tout. Je m’accoude sur le bar de façon à mettre mon bust en avant. « et vous le sortez d’où votre bar hein ? [silence] sincèrement monsieur s’il en existait un tels que vous me le décrivez j’irais y déposer ma candidature ! » il arque un sourcils de défiance et me sort un de ces sourires qui me donne la chair de poule. Il me tends alors une carte ou je peux y lire ‘’Jay Gatsby’’ et ‘’Bunny’s’’ . Je fais les gros yeux. Voilà donc la raison pour laquelle il me disait quelque chose. Je lui tends sensuellement sa carte, pour la lui rendre. « Je ne suis pas intéressée Mr Gatsby, désolé » finis-je par dire plus durement. Il prend une lapé de son nectar et me dévisage. « Le travail y est susceptible ment le même Melle Coolidge. La seule différence est que les clients que j’y accueille sont des hommes de classe et qui savent se tenir. Ils savent bien traiter les femmes et bien sûr généreusement. La seule différence majeur c’est bien évidement la paye et les services qui en découlent ! » Là il me regarde avec un regard de braise. Ses pupilles se dilatent et je sens que ce petit jeu l’amuse. « j’ai dit que je n’étais pas intéressée Monsieur ! » je sais la réputation de ce son club. Certes les filles n’ont pas l’air d’y être malheureuse. Elles sont bien entretenue, elle s’amuse et semblent bien traitées mais… «  ce que je vous propose c’est un emploi entends que Bunny Melle Coolidge ! Vous savez, je traite toujours bien mes filles. Elles sont nourrit, logé et blanchit, elles s’amusent et elles sont mieux payé que le reste de mon personnel. » je le toise du regard un moment afin de mieux me faire comprendre. « Pardonnez ma vulgarité mais, me faire sauter pour mieux gagner de l’argent… non merci ! j’ai encore ma dignité et j’aimerais la garder intact ». Là il m’explique de Aà Z le travail de ces filles. Et sonne en moi comme une bouée de sauvage un peu crevée quand même. J’hésite et il semble l’apercevoir. Et c’est son coup de massue qui m’aura fait plonger dans son monde. « Vous êtes seule mettre de vos actes mademoiselle Coolidge. Si vous ne souhaitez pas prendre mon offre je ne vous y forcerez pas [silence] Mais pensez à ce qui vous attends en rentrant. Vos créanciers vous tournent autours et bientôt les services sociaux viendront prendre votre fils par ce que vous ne pouvez plus joindre les deux bouts et que vous confiez votre enfant à une camé. Réfléchissez bien. Samuel mérite mieux que ça et vous le savez. Et vous êtes trop belle pour finir ici à pourrir dans ce clapier minable. Mon offre n’est valable qu’une fois Clarisse. Pensez-y » Ce soir-là il m’a laissé fasse à un mur de remords. Il est parti en laissant son verre à moitié plein ou à moitié vide. Comment pouvait-il en savoir autant sure moi ?
J’ai réfléchit toute la journée du lendemain avant de me pointer au ‘’Bunny’s’’ et d’accepter l’offre qu’il me proposait. Deux jours plus tard j’envoyai Sam chez ma sœur pour qu’il grandisse bien mieux qu’avec une maman encore incapable de lui donner une maison pour bien grandir. Aujourd'hui cela fait trois ans que je suis chez Gatsby et je l'avoue, il n'avait pas mentit. Cependant je ne compte pas y passer le reste de ma vie. J'attends juste le bon moment pour pouvoir quitter le ''Bunny's'' et enfin vivre une vie normale.