La nuit est tombée depuis quelques heures déjà. Alors que le reste de la ville s'éteint, que les familles ont depuis longtemps refermé les  portes de leurs petite chaumières, le quartiers de Calumet Heights doit être l'un des seuls à voir les ombres se réveiller sur les façades des ruelles délabrées. C'est aussi le moment de la journée le plus actif - criminellement parlant - pour le Brightshare. De l'extérieur, l'enseigne a pourtant cessé de clignoter afin de ne plus attirer autant l'attention. La lourde porte d'entrée est close et seuls les plus aguerris savent que les gardes les attendent par l'arrière de l'établissement. Une équipe rodée qui fait de ce lieux de rendez-vous nocturne, l'un des plus efficaces en ville. Une coordination, une discrétion et un livre ouvert d'illégalité, maniés de main de maître par la légendaire Karoline Rose Longwood. Une fille silhouette au visage angélique dont la réputation de mente religieuse n'est plus à faire. Seuls les inconscients, incultes et autres voyageurs de passage peuvent encore se faire duper par ce regard bleu profond et ce faux sourire charmeur qu'elle manie avec une aisance déconcertante.

Le casino est en effervescence. Les bières et les shots de tequilla sont servis en masse : les deux plus grosses ventes frauduleuses de l’endroit. Les serveuses, déambulent entre les tables avec frénésie et les videurs sont à l’affut de la moindre embrouille à régler, du moindre mec à foutre dehors et surtout, contrôlent avec minutie les entrées. Ici, ne rentre pas qui veut. Sur une petite estrade au fond de la salle principale, se dessine un coin que l’on sait VIP bien que le mot ne soit ici jamais utilisé. C’est là que l’on retrouve généralement Karoline lorsqu’elle ne passe pas de groupes en groupes pour saluer, discuter voire travailler. Cheveux relevés, tirés et vêtue d’une robe noire travaillée coutant probablement un mois de salaire de l’une de ses filles, elle laisse son regard filtrer la masse. Elegamment assise sur son “trône”, jambes croisées, tête haute - toujours - et cigarette au bout des doigts, elle observe. Fière. Elle repère au loin l’un de ses hommes lui faisant signe de la tête. Discrêtement. Il faut avoir l’oeil entrainé pour le repérer. Katherine hoche à son tour. Se redresse. Elégamment, elle passe une main sur le pan droit de sa robe pour le lisser. Elle rejoint le gorille posté à l'autre bout. Ce dernier se penche quelque peu et vient glisser quelques mots dans l'oreille de la patronne, prenant soin de ne pas trop s'approcher. La mâchoire de la belle se crispe. Son pas décidé l'emmène dans l'une des ailes les plus reculées de l'établissement. Ses talons résonnent sur le revêtement de sol lorsqu'enfin, au détour d'un couloir, la dite silhouette intruse, se dessine. Reed J. Grayson. Ce qu'elle a sous les yeux ne lui plaît guère. Même pas du tout. Cette présence. Ce visage. Ce symbole. Alors qu'elle inspire profondément pour garder son calme et revêtir son masque de politesse, elle pense déjà à la tête coupée de celui ayant laisser filtrer cette entrée. Il y allait avoir un membre du personnel en moins demain matin. Enfin bref. Elle continue son avancée. Plus lentement. Le couloir est ici plus étroit et accueil dans la salle de droite, une réunion de "business" souvent pleine. Karoline sait très exactement quelles sont les identités de ceux l'occupant aujourd'hui. Parce que rien ne lui échappe, rien ne lui passe sous le nez et tout se doit de passer par son accord. Une règle à laquelle Reed semblait avoir échappé.

Arrivé à la hauteur du renard dans le poulailler, notre blonde envoûtante se poste droit devant lui. Le regard droit et fixe. Elle croise les bras et reste en silence quelques longues secondes. Un silence rendant peut-être le moment plus désagréable qu'il ne l'était déjà. Le pourri à la mine négligée, le regard épuisé et une chemise de piètre qualité, à peine amidonnée. Il ferait presque pitié si Karoline avait un coeur. La voix de sa mère résonne dans sa tête " Tête haute Karoline, tête haute ! Celui là, tu le dévores comme une bouchée de pain ! " Elle s'humidifie élégamment les lèvres avant d'enfin ouvrir la bouche et daigner adresser la parole au flic. Grayson en ces lieux ... Et pour la seconde fois qui plus est ... Si j'avais pour prétention le désagréable privilège de vous connaître mieux, je dirai que vous aimez jouer avec le feu .... Le bon vieux jeune policier s'est entiché d'une gamine dealeuse. Entiché au point de jouer les imbéciles de première en acceptant de remettre un pied au casino. Il semblait pourtant clair que de leur dernier échange, était né le contrat silencieux qu'ils avaient plutôt intérêt de respectivement rester éloignés des affaires l'un de l'autre.