Ses pas caressèrent le sol arrachant aux hommes des sourires narquois qui ravageaient son esprit insouciant, elle sautait, resplendissait, les paillettes de sa robe luxueuse embrassant langoureusement les ténèbres de la nuit qui violaient son âme enfantine et joyeuse. Un petit bout d’innocence, portant un poids des plus lourds, se mêlant à la cour des grands là où la corruption et la tentation coulaient comme le champagne, glissant avec délectation sur la peau cristalline des femmes possédées par les démons frénétiques de la soirées. La musique ruisselait dans ses oreilles rythmant les battements de son cœur déchainé. Le soleil ne pouvait plus veiller sur ses enfants et surtout sur sa fille, laissant la responsabilité aux étoiles malicieuses qui en jouaient bien des tours ! Car quand son éclat pointait l’horizon, l’excitation retombait et elle voyait sa Maria danser dans son tulle et dans ses chaussons de danse épurés. Pour le moment la jeune fille se réjouissait de sa jouvence, jouissant d’une vie qu’elle n’a longtemps pas put gouter et qui lui est encore interdit. Car malgré son être si jovial et envouté par le succès et l’or, il persiste encore une fillette de neuf ans, qui n’a jamais connu son père et qui vivait sous l’autorité d’un autre...du grand amour de sa mère. On lui avait dit que Grey était un fourbe, un être malsain qui la battrait, on lui embrouilla et conditionna son esprit pour qu’elle lui voue une haine sans fin. Une rage qui l’avait poussé à se défouler dans la danse classique, dans ce qu’elle avait comme drogue. Un doux anesthésiant surtout après l’annonce d’une fille qui se fit passer pour elle...pour l’unique Grey. Sa mère, pourtant, la cacha et ses parents, qui, trop protecteurs, en étaient devenus strictes, la pourrie-gâta pour qu’elle reste prisonnière de leurs bras aimants. Elle n’existait que pour être parfaite et devait assurer le futur de sa nouvelle lignée. C’est pour cela que tant de célébrités sont ses modèles en passant par la plus sobre à la plus excentrique, elle goute à tant de vies qui ne sont pas les siennes à travers celles des autres. Maria, ou Astrid qui est un prénom qu’elle affectionne tout particulièrement, est toutes ces personnes à la fois. Tantôt femme fatale, tantôt poupée de porcelaine, elle revêtit des masques comme elle a de chaussures. Un pléonasme humain qui tente de se trouver...de se connaitre, bravant pour cela les interdits. Elle qui était considérée comme prude et vierge apparition tomba follement amoureuse d’un jeune homme qui fut engagé par son père...un certain Dorian. Un mâle qui adorait les femelles et les nymphes de son genre. Ils couchèrent ensemble alors qu’aux yeux de la loi et de sa famille, depuis peu, Dorian était son frère. A présent elle porte un enfant, sans même le savoir beaucoup trop juvénile pour s’en soucier, elle ignore encore ce que ses coups de tête lui réservent comme Destin. Le sien ayant toujours été voilé, mais elle continue d’exister sous les projecteurs d’une fête endiablée, restant cette jeune femme si attirante et attendrissante, cette actrice aux milles couleurs, cette danseuse des milles et une nuit, cette poupée ayant inhalait trop de paillettes, cette éternelle inconsciente, trésor des Chryslers, première héritière de leur plus grande fortune.